Serveur Apache HTTP Version 2.0

Le serveur HTTP Apache est un programme modulaire permettant à
    l'administrateur de choisir les fonctionnalités qu'il souhaite 
    activer, au moyen de modules. Les modules peuvent être intégrés
    dans le programme binaire httpd au moment de la 
    compilation. Il est également possible de compiler à part des 
    modules en tant qu'objets dynamiques partagés (Dynamic Shared 
    Objects : DSOs) existant séparément du fichier binaire principal 
    httpd. Les modules DSO peuvent être compilés en même 
    temps que le serveur, ou après, au moyen de l'outil Apache pour 
    les extensions (apxs).
Ce document décrit les principes de fonctionnement des modules DSO, et montre comment les utiliser.
| Modules Apparentés | Directives Apparentées | 
|---|---|
Le support DSO servant à charger des modules Apache, est lui-même 
    codé dans un module, nommé mod_so, qui doit être 
    compilé dans le noyau d'Apache. Ce module, ainsi que le module 
    core, sont les deux seuls modules qui ne peuvent 
    être compilés séparément d'Apache. En pratique, tous les autres 
    modules d'Apache peuvent être compilés en tant que modules DSO, 
    en passant au script configure l'option 
    --enable-module=shared, comme précisé dans 
    la documentation d'installation. Après 
    qu'un module ait été compilé en DSO (nommé 
    mod_monmodule.so), il est possible d'utiliser la 
    directive de mod_so : LoadModule dans le fichier httpd.conf, 
    afin qu'Apache charge ledit module au démarrage ou redémarrage du 
    serveur.
Afin de simplifier la création de fichiers DSO pour les 
    modules Apache (et en particulier les modules tiers), un nouveau 
    programme de support a été ajouté : apxs (APache eXtenSion). Ce programme peut être 
    utilisé pour créer des modules DSO en se passant de 
    l'arborescence source d'Apache. L'idée en est simple : lors de 
    l'installation d'Apache, la commande make install 
    positionne les fichiers d'en-têtes C d'Apache, ainsi que les 
    options du compilateur et les options propres à la plate-forme 
    dans le programme apxs. Ceci permet à l'utilisateur 
    de compiler ses modules Apache, au moyen de apxs, 
    sans disposer de l'arborescence source d'Apache et sans devoir 
    manipuler les options de compilation ou les options propres à 
    sa plate-forme.
Voici un résumé bref des fonctionnalités DSO d'Apache 2.0 :
mod_foo.c, en tant 
        que DSO, sous le nom mod_foo.so :
$ ./configure --prefix=/path/to/install --enable-foo=shared
$ make install
mod_foo.c, en tant que DSO, 
        sous le nom mod_foo.so :
$ ./configure --add-module=module_type:/chemin/vers/le/tiers/mod_foo.c --enable-foo=shared
$ make install
$ ./configure --enable-so
$ make install
mod_foo.c, en tant que 
        DSO, et sans disposer de l'arborescence source d'Apache 
        (utilisation d'apxs) :
$ cd /chemin/vers/le/tiers
$ apxs -c mod_foo.c
$ apxs -i -a -n foo mod_foo.la
Dans tous les cas, une fois qu'un module a été compilé en tant 
    que DSO, vous devrez utiliser la directive 
    LoadModule dans le 
    fichier httpd.conf afin qu'Apache active le module.
Sur les systèmes récents, dérivés d'Unix, il existe un procédé élégant, habituellement appelé chargement dynamique d'objets partagés DSO, permettant de compiler un morceau de code sous un format spécial, et de pouvoir le charger en temps réel dans l'espace d'adressage d'un programme exécutable.
Ce chargement peut être réalisé de deux manières : 
    automatiquement, grâce à un programme système nommé ld.so 
    lors du démarrage d'un exécutable, ou manuellement depuis un programme 
    en exécution via une interface programmée au moyen des appels 
    systèmes dlopen()/dlsym() du "chargeur" Unix
Dans le premier cas, il est courant d'appeler les DSO des 
    bibliothèques partagées ou des bibliothèques DSO ; 
    on les nomme libfoo.so ou libfoo.so.1.2. 
    Elles sont toutes placées dans un répertoire système (souvent 
    /usr/lib) et sont liées par les programmes exécutables 
    lors de la compilation de ces derniers, en précisant au moment de 
    la compilation l'option -lfoo à la commande de link 
    (linker command). Cette manière de procéder insère les références 
    des bibliothèques dans le coeur des programmes, afin qu'au moment 
    du démarrage du programme, le "chargeur" Unix puisse trouver 
    libfoo.so dans /usr/lib, ou bien dans 
    les chemins codés en dur au moyen de l'option de link -R, 
    ou dans un chemin configuré au moyen de la variable d'environnement 
    LD_LIBRARY_PATH. Tous les symboles non résolus présents 
    dans le programme sont alors résolus au moyen de DSO.
Les symboles propres au programme exécutable ne sont généralement 
    pas référencés par le DSO (puisque c'est une bibliothèque de code 
    générique), et donc aucune résolution ne doit être suivie au delà 
    de ce point. Le programme exécutable n'a pas de travail particulier 
    à faire pour résoudre les symboles des DSO, puisque c'est le 
    "chargeur" Unix qui s'occupe de cette tâche. (En réalité, le code 
    utilisé pour invoquer ld.so fait partie du code de 
    démarrage run-time, qui est lié à chaque programme exécutable 
    non statique). L'avantage du chargement dynamique des bibliothèques 
    de code générique est évident : le code n'est conservé qu'à un seul 
    endroit du disque, dans une bibliothèque système comme 
    libc.so, ce qui permet de gagner de l'espace disque 
    pour chaque programme.
Dans le second cas, les DSO sont appelés objets partagés 
    ou fichiers DSO et on peut leur attribuer une extension au 
    choix (bien que leur nom soit habituellement foo.so). 
    Ces fichiers résident normalement dans un répertoire propre au 
    programme qui les utilise, et ils ne sont pas liés de manière 
    automatique au programme qui les appelle. Celui-ci les charge en 
    temps réel lors de son exécution, au moyen de dlopen(). 
    À cet instant, aucune résolution des symboles du DSO n'est réalisée. 
    C'est le "chargeur" Unix qui réalise la tâche de résoudre les 
    symboles non résolus du DSO, à partir du jeu de symboles exportés 
    par le programme et ses bibliothèques DSO (en particulier, tous 
    les symboles de l'omniprésente libc.so). Ainsi, le DSO 
    gagne la connaissance des symboles du programme exécutable, comme 
    s'il lui avait été lié statiquement au départ.
Enfin, pour tirer parti de l'API DSO, l'exécutable doit résoudre 
    les symboles propres au DSO via dlsym(), pour les 
    utiliser plus tard dans les tables de répartition (NdT : "dispatch 
    tables"), etc. En d'autres termes, le programme exécutable 
    doit résoudre lui-même chaque symbole pour utiliser chacun d'entre 
    eux. L'avantage de ce mécanisme est que les parties optionnelles 
    d'un programme ne sont pas chargées (et donc, n'encombrent pas la 
    mémoire) avant que le programme n'en ait effectivement besoin. 
    Quand elles deviennent nécessaires, ces parties du programme peuvent 
    être chargées dynamiquement pour étendre les fonctionnalités du 
    programme.
Bien que ce fonctionnement de DSO puisse paraître simple à comprendre, il existe au moins une difficulté d'implémentation : permettre au DSO de résoudre les symboles du programme quand un DSO est utilisé pour étendre un programme. Pourquoi cela ? Parce que la "résolution à l'envers" des symboles DSO à partir des symboles du programme exécutable est contraire au principe de conception des bibliothèques (où, rappelons-le, la bibliothèque ne sait rien du programme qui l'utilise) ; cette "résolution à l'envers" n'est pas standardisée, et n'existe pas sur toutes les plates-formes. En pratique, les symboles globaux d'un programme exécutable ne sont que rarement réexportés vers un DSO, et donc ne sont pas accessibles. Celui qui veut pouvoir étendre les fonctionnalités d'un programme dynamiquement, lors de l'exécution, doit trouver un moyen de forcer le programme de liaison à exporter tous les symboles globaux de ce programme.
L'approche par bibliothèques partagées est de loin la plus courante parce que c'est celle pour laquelle les mécanismes DSO ont été conçus ; elle est donc utilisée par presque toutes les bibliothèques du système d'exploitation. De l'autre coté, l'utilisation des objets partagés reste une approche marginale.
Depuis 1998, seules quelques solutions logiciels existantes utilisent le mécanisme des DSO pour étendre leurs fonctionnalités en cours exécution : Perl 5 (via son "XS mechanism" et le module DynaLoader), Netscape Server, etc. Depuis la version 1.3, Apache a rejoint ce groupe, car Apache utilise une approche modulaire pour étendre ses fonctionnalités, et utilise de manière interne des mécanismes de répartition par liste pour lier des modules externes à son noyau. Apache était vraiment prédestiné, par concept, à utiliser les DSO pour charger ses modules en temps réel.
Les possibilités des DSO décrites ci-avant présentent les avantages suivants :
LoadModule, dans 
      httpd.conf, plutôt que forcer les utilisateurs à 
      recompiler le serveur pour modifier ses fonctionnalités. Par 
      exemple, ce mode de fonctionnement permet de faire tourner 
      plusieurs instances du serveur (version standard & SSL 
      version, version minimaliste & étendue [mod_perl, PHP3], 
      etc.) au moyen d'une seule installation d'Apache.apxs, ce travail est faisable sans l'arborescence 
      source d'Apache, et ne nécessite qu'une commande apxs -i 
      suivi d'un apachectl restart pour ajouter au serveur 
      déjà en marche les fonctionnalités du module développé.Les inconvénients liés à l'utilisation des DSO :
ld -lfoo) sur toutes les plates-formes (par 
      exemple, les plates-formes basées sur a.out ne le permettent pas, 
      alors que celles basées sur ELF le permettent), il n'est pas possible
      d'utiliser les mécanismes de DSO pour tous les modules. En d'autres
      termes, les modules compilés en tant que fichiers DSO sont limités 
      à l'utilisation des symboles exportés par le noyau d'Apache, par 
      la bibliothèque C (libc) et toute autre bibliothèque 
      dynamique ou statique utilisée par le noyau d'Apache, ou par des 
      archives de bibliothèques statiques (libfoo.a) qui 
      contiennent du code indépendant de la position. Les seuls moyens 
      d'utiliser du code à l'extérieur d'un fichier DSO sont, soit de 
      s'assurer que le noyau d'Apache contienne une référence vers ce 
      code, soit de charger ce code au moyen de dlopen().